Aujourd’hui un sujet basiquement malaisant pour une grande partie de la communauté autistique mais également des phobiques sociaux, cette co-morbidité commune à tant de maux, je crois que chez nous c’est un peu spécial, parce que c’est pas on va dire « juste » les gens… NON, c’est un ensemble. Un festival sensoriel, un lieu à hauts risques de surcharge… et pourtant, je vous garantis que la RQTH ne nous priorisera jamais sur la carte mobilité. (j’ai de plus un gros problème de repères dans l’espace, mais franchement, comme j’étais arrivée jusque dans les bureaux de la mdph sans « problème apparent » , série les joies de l’invisibilité du handicap, les personnes qui m’ont reçues n’en ont eu rien à foutre bien que je fus plus que précise sur cette galère format plaie  d’Égypte, pourtant c’est un petit bout de papier magique qui ne pèse pas lourd dans l’économie de l’état, que de guerre lasse je n’ai même pas pris la peine de contester)… et sans surprise quand on sait que la réalité des réseaux de bus accessibles aux personnes en fauteuil se limite par exemple à Paris à ça : DZ3eg8cX0AAlApx.jpg large.jpg

 

alors que le réseau ressemble concrètement à ça :

Donc j’ai bien conscience que je ne suis personne pour oser me plaindre au regard de ceux pour qui aller d’un point à un autre sans possibilité de prendre le bus normalement est une vraie épreuve, mais quand même… C’est difficile de ne pas considérer que les personnes handicapées légères ou sévères n’ont clairement pas les mêmes droits que les autres alors que le tarif est généralement le même.

 

Jusqu’ici j’ai eu de jambes assez fonctionnelles et j’en checkerai jamais assez ma chance de pas avoir de problèmes avec, en prime du reste, je ne crains pas trop les pannes d’ascenseur, et sans ce support je serais juste un peu plus foutue que je le suis déjà puisque qu’à prendre les transports, c’est vraiment que faut pas que j’ai le choix, en fait (et je n’oublie pas les claustrophobes non plus, mes possibilités limitées restent crémeuses à côté de tout ça). Si je ne fais pas de vélo ni ne conduis pas (je vais vous épargner mon flip des voitures des AUTRES, pour le coup), passe encore que je ne sois pas hyper autonome en terme de mobilité, et que je marche une heure (même plus) sans problème si j’en ai le temps et que la météo est clémente à Paris, mais comme ce ne serait pas une vie non plus de rajouter 4 heures de marche à mon trajet maison-travail en plus de mes journées de bureau, comme pour le reste il faut bien que je combine, négocie, deale, COMPENSE mon malus à être une courge difficilement transportable, quand d’autres descendent les marchent vers le sous-terrain du métro les doigts dans le nez sur un skate board. (de ce côté là aussi, je suis plutôt patin à roulettes en 4 roues non alignées que trotinou électrique – à cause cette fois à la fois des gens ET des voitures en route), bref c’est encore par la grâce du démerde toi parce que le ciel va pas le faire à ta place que je m’en démène pas large mais assez.

 

Donc idéalement, se lever à 5h pour prendre un transport le plus vide possible n’est pas ce qui me pose le plus de soucis au monde, et je peux clairement m’y prêter quelques temps sans trop faillir avant qu’une autre fatigue de cuillères limitées m’assomme étant donné que le job ne commence qu’à 9h, que ça en rajoute à ma journée, et que je fasse quelques minutes sup de plus le soir qui terminent de m’abattre et me renvoient à mon statut primitif de protozoaire en décomposition incapable physiquement et nerveusement de rien (et j’adore les méduses, mais on ne peut pas passer sa vie comme ça en étant aussi conscient de soi, parfois même un peu trop et c’est une autre fatigue, juste lâcher la bride de temps en temps, re-compenser en silence et repartir pour un tour). Sauf que pour avoir pratiqué et sans être boulangère et en avoir déjà payé les pots cassées de ma santé de journées à rallonges, ça ne fait pas trop sens. Alors je me lève à 6h, ce qui est déjà bien assez tôt mais me permet toutefois d’avoir une bonne heure et demie de rab pour me préparer psychologiquement (et donc passer un moment protozoaire aménagé au calme et sans interactions inattendues au moment du café) avant de m’armer dans l’inconnu d’une nouvelle journée moyennement planifiée en ce monde imparfait.

 

SURTOUT, l’essentiel est d’arriver dans le métro AVANT 8h30. Donc 8h c’est adhoc, 8h15 c’est limite mais la moitié de mon trajet devrait à peu près bien se passer et sans trop d’encombres, bonus si je trouve une place assise et que personne n’est en train de générer du bruit insupportable comme s’il était seul au monde et que le reste autour n’existait pas. À partir de 8h20, et comme j’ai un temps de trajet qui fait entre 35 et 45 mn porte à porte, c’est râpé. Pas parce que j’aurais éventuellement 5mn de retard totalement rattrapées d’avance, mais parce qu’à 8h30, les enfants sont déposés à l’école, et le parent SE RUE au taf, en grande quantité de parents et autant de ce truc fabuleusement insupportable qui n’aurait juste jamais du exister : l’heure de POINTE. Le PIC de population concentrée. (je ne voyagerai jamais en Inde, et pourtant Vishnou sait comme cette destination m’a longtemps fascinée). Est-ce que je vous parle juste des cordées d’enfants en sortie scolaire qui prennent le métro à l’heure de pointe et de comment ça me fait à l’intérieur à l’idée qu’à tout moment, une fois dans la rame (ceux que tu croises en te rendant à ton quai, ça va, y a moyen de les slalommer-doubler-semer etc) quand la porte s’ouvre, qu’ils déboulent dans-cette-rame-là-où-je-suis :

 

À une époque j’empruntais bien fréquemment le passage entre nation et le RER A direction le bout du monde (mais pas forcément pour aller si loin), et il y avait un homme d’origine africaine qui jouait de la musique traditionnelle dans le courant d’air avant les marches descendantes au quai et c’était signe que la journée allait être chouette, parce que ça sonnait doux aux oreilles, je trainais un peu la patte en passant devant et lui filais parfois quelques sous… Une fois la musique éteinte par la cohue, je me retrouvais au milieu de ceux qui courent parce qu’ils sont partis en retard et j’avais la pensée automatique « run run run, chicken run… » typiquement ce genre de truc que je ne comprends pas, avec mes deux seules options : t’es en retard ou à l’heure, mais je cerne pas bien l’idée de l’entre deux qui te ferait carrément courir pour choper un train de malaise. Mais courrez pour rattraper le coup d’avoir été trop occupé à vous curer le nez une dernière fois avant de quitter la sdb ou d’avoir repéré un incident de chaussette dépareillée dans le noir à la dernière minute avant de partir et de pas pouvoir ne pas changer de pantalon… Courrez… *baltringues*.

La semaine dernière j’ai pas mal travaillé chez moi pendant le férié et le week end, donc je ne me suis pas mise martel en tête d’arriver avec une grosse demie heure d’avance comme celle d’avant. J’ai eu le contrecoup de la fatigue le mardi, et j’ai failli. Deux jours de suite je me suis retrouvée à 8h30 dans le métro et j’ai cru crever. J’ai mangé du cheveu (et je hais les cheveux, les miens compris), entendu des gens se réprimander de laisser passer, levez vous, poussez vous, se tousser à la figure sans main devant (combinée à ma phobie des germes, prendre le métro dès les premières grippes du mois d’octobre m’en rajoute : je change de rame, de place, je prends le suivant quand je suis fasse à une personne qui va au travail à moitié décédée ou cacochyme, ah on me regarde bizarrement quand je fais ça, mais vous pensez que je vous regarde comment moi? Et quand je dis que c’est un festival sensoriel c’est pas un vain mot.

On connait la traditionnelle personne qui pue ou qui pète en silence. Vous croyez qu’on ne sait pas d’où ça vient, mais le sens du vent dans ces cas là vous grille très vite, donc oui ON VOUS VOIT AUSSI, n’en doutez pas, limite encore plus quand vous prenez un air de comme si de rien était au lieu d’être gêné. Non le siège n’amortit pas tout. Je sais qu’il y a certaines choses d’ordre corporelles que pour diverses raisons on ne peut pas maîtriser, mais quand on peut : sérieux, les valides, faites l’effort, si vous n’êtes ni handicapé du cul ou du savon (par exemple vous avez acheté des barres chocolatées la semaine dernière, des clopes ce matin,  un café à la machine : VOUS AVEZ DU FRIC POUR LE SAVON, y en a à 50 centimes centimes d’euro faites pas les mormons, là). Ceux qui mangent sans se soucier de foutre vos miettes de gras partout (j’évoque pas non plus l’odeur, c’est ok vous aimez la soupe de germes, votre problème) mes sapes sont pas votre serviette en papier. Je sais bien que parfois certains daubent parce que c’est un défaut professionnel, leur journée est finie quand la votre commence, ils travaillent dans la friture ou le poisson ou ils viennent juste de mettre vos poubelles dans le camion devant votre immeuble sans que vous le sachiez … ceux là aussi sont pardonnés et reconnaissables, leurs stigmates de fatigue ne sont pas celles de quelqu’un qui a fait la tournée des bars, et généralement on les croise plus tôt le matin ou le soir et à toute heure.

J’en vois aussi qui rentabilisent leur navigo sous forme de gain de temps. J’avoue j’ai une admiration pour la nana qui rentre cheveux mouillés alors qu’il fait 10 dehors (mais bon, moi j’ai de base des problèmes auto immunes, forcément ça génère quelques précautions supp’), au moins tu te prends pas son brushing dans la face ou tu respires pas sa graisse et l’odeur de ses dernières aventures en date dans le graillon capillaire quand tu n’as pas le choix d’avoir le nez devant. Mais celle là avec ses milles poudriers volatiles qui t’enfument, ouais toi : merde,tu n’es pas mieux que le mec au croissant qui s’émiette like a candle in the wind. Certes tu t’es sûrement lavée, et tu n’enlèves pas tes ballerines pour te gratter l’orteil, mais dans ce domaine avoue que qui peut le plus peut le moins, et j’en ai carrément vu se couper les doigts de pieds avec le coupe ongles, être sans domicile ne justifierait même pas de le faire là. Quant à ceux qui enlèvent les pompes fermées dans la canicule la plus crue et ses 5 degrés additionnels souterrains parmi ce bouillon de culture bactériologique déjà bien chamarré pour s’aérer un peu… Je vous causerais volontiers du cours du talc… parce que j’ai pas plus de tact que vous en avez. Un peu comme ma tolérance, assez proportionnelle à votre sans gêne en fait, non?

Voilà pour les odeurs et tout ce qu’on « mange » et respire en toute  civilité… LOL. Allez vous targuer de quoi que ce soit en arrivant à la cafet du bureau sans être passé par la case lave main avant, on en reparle.

Mais on a plusieurs sens… Qu’on ne peut pas mettre sur off dans ces cas là. Et les oreilles (oui, oui, je suis en train d’économiser pour le QC Bose, à la fin je crois que je préfère ne pas entendre un potentiel attentat ou juste de très loin, ou une éventuelle agression, dangereux aussi certes, que ma capacité à endurer les surcharges sensorielles plus limitée que la moyenne commence à saturer, ma décision est prise).

Alors certains écoutent de la musique plus fort et le parasitage fait parfois un peu mal ou rend le trajet plus douloureux, en particulier quand t’es juste à côté de la dite oreillette de malheur. Pas grave si tu peux te mouvoir dans la rame, sinon c’est autrement relou. Mais c’est vraiment pas le pire. Il y a aussi ces gens qui parlent (on va dire, mais quelle intolérante… déso mais y a manière et manière). C’est ok, des fois on s’entend pas on parle fort. Ok, toute la rame t’entend, et direct dès que c’est pas en français, ceux qui votent bleu marine… hem’ on vous voit aussi. Perso je trouve ça plutôt relaxant, parce que si c’est une langue que je connais un peu de près ou de loin (les langues slaves, le russe, l’anglais, ce que je capte d’italien d’allemand, d’espagnol, de portugais, de créole) j’avoue je trouve ça très cool, c’est un peu comme si on venait de me filer une occupation stimulante d’évaluer moi-même ce que je capte ou pas ou de déduire le sens d’un mot que je connais pas par rapport à ce que je percute du contexte. Si c’est une langue à laquelle je panne que dalle, j’écoute la musique que ça fait et j’essaie au moins de deviner au hasard, mais ça me perturbe encore moins, because ça m’ajoute pas des infos sur la vie des gens que j’ai pas besoin d’entendre et y a pas de petite fatigue dont je me passe que ce soit d’ordre sensoriel ou trop d’informations à traiter ou les deux comme c’est la cas du métro. En fait c’est même dommage qu’on capte le tél dans le métro, je trouve. Quand c’est en français, j’aimerais parfois qu’on noie les gens comme des petits chats, dans une boîte avec l’éther, ils souffriraient moins, le but n’étant pas de  vous faire souffrir ce qui me martyrise non plus, mais je ne rêve pas trop que les gens meurent, c’est juste une image. Il y a le level de discussion. P.S : les touristes franco-croissants qui ont besoin de parler de Paris en disant n’importe quoi en lolilolant en attendant qu’on daigne vous apercevoir parce que vous vous êtes auto-lâchés là et que vous en pouvez plus de votre aventure tellement on est trop trop exotiques dans le paysage provincial et que le Michelin acheté au préalable et la carte du Père Lachaise vous ont filé aucune notion sur le fonctionnement de tout ce bazar, au cas où, si vous étiez persuadé qu’on fait cette tête là tout le temps parce que c’est ce qui se dit par chez vous (je viens de Provincialie, je connais mon sujet) :

rassurez vous en fait, on est blasé QUE quand on doit supporter votre visite aventureuse de ouf en Parisianistan, justement, cette mythologie se base uniquement  sur le fait que vous soyez toujours trop nombreux tout le temps et que votre utilisation du métro parisien est parfois encore plus aléatoire que celle de ceux qui habitent de l’autre côté de la frontière franco-croissane..

 

J’ai pas dit les franciliens on est mieux. Y en a vous parlez de taf à tue tête comme si tout tournait autour de vous, défaut par défaut assez incontrôlable du reste, mais OH, les autres aussi ont un job avec un potentiel de chiantise aussi quantifiable que le vôtre les gars, et les jérémiades du vôtre ou votre calcul de prod du jour sur la route du nôtre ne vont pas égayer la journée de vos voisins, laissez au moins ceux qui essaient de se chanter le jingle de la pub Ricorée dans leur tête pour faire passer la douleur du chagrin le faire tranquillement. Une nouvelle fois, cessez juste d’agir comme si vous étiez seuls au monde dans les putains de transports en commun. Nan vos vies sans sel aromatisent pas celle des autres, si y a du monde : baissez d’un ton.

Les jeunes, ados, étudiants, les lolitas en virées copines qui parle fort parce qu’on a plus besoin d’existence à cet âge là qu’un autre… Je vous en veux pas, parce que je sais bien qu’un jour vous allez capter qu’être jeune, c’est pas si génial que de vieillir, mais bon (voir ci dessus) et je bosse au milieu d’une rue à trois collèges, ok rive gauche, mais je sors à la même heure, donc quand je dis que le savon ça coûte cinquante centimes, sentez vous concernés aussi les gens des beaux quartiers parce que clairement c’est pas dans la catégorie adultes et personnes âgées toutes classes sociales confondues que les relans corporels sont les moins inodores. Mais ok, disons qu’il y a une explication plus tangible que pour ceux qui rotent la bouche ouverte volontairement sans aucune corrélation culturelle particulière. WTF, ceux là, en fait? Me ferez pas croire que vous avez tous un blème de RGO. Mangez des citrons. Buvez du bica.

 

Les « Lalaleurs » « siffleurs » et « murmureurs » (au passage tous ceux qui prient, quelle que soit votre religion vous avez pas besoin d’ouvrir la bouche pour que Dieu vous entende, en fait… à moins que vous en doutiez vous même *wink*, sinon les églises et autres lieux de cultes seraient un genre de francofolies et on sait très bien que si Jacadi a pas dit « Chantez le psaume 182 NOW », le reste du temps c’est limite plus zen que la biblio, arrêtez de faire genre dans le métro ce serait différent). Je vous appelle comme ça parce que pire que tous les autres précités, gens de foi compris, vous êtes la LIE de l’humanité, ceux qui chantouillonnent et sifflouillent. QUI, vous a dit que faire lalala, chuchurrer, « mmm’hmmmter », siffloter « Hay hi hey ho » vous rendait sympathique ou prouvait votre joie de vivre que vous voulez absolument partager de gré ou de force avec les autres était la méthode la plus bienveillante pour son voisin d’oreille, en fait? Parce que ça fait longtemps que j’aimerais tenir celui qui vous a suggéré que vous étiez la prochaine nouvelle star : je vous rappelle qu’on a vu les castings, et que c’est très rare que  ça enchante toute la wagonnée. Vous aimeriez que je vienne vous siffler ou chanter faux en « mmhmmant » dans l’oreille quand vous dormez ou que  vous rédigez un compte rendu? Donc à moins de revendiquer que c’est pour le réel plaisir d’emmerder le voisin, arrêtez tout. Non seulement vous insultez les gens qui doivent faire happy face et passer de wagon en wagon pour gagner leur croûte en chantant vraiment mais en plus aucun producteur de la Star Ac’ ne prend cette ligne là.

 

Là j’ai une pensée émue pour le mec qui a une casquette « Compton » (seuls les sacheurs sacheront) dans le wagon du fond de la ligne 3 avant d’embrayer sur Raie Au Mur Sébastopoils et qui remue le plus discrètement du monde les yeux rivés à ses écouteurs, dont il s’échappe pas un pet de parasitage musicologique (pourtant dans ce cas là j’aimerais)… qui doit certainement faire du hip hop professionnellement vu comment il est à l’heure, vu la forme de ses futes, et son bagage à dos pas trop chargé et qui malgré qu’il est hyper focus sur son truc, et qu’on dirait un type bizarre qui a des spasmes (il révise ses mouvements en catimini) et que les gens regardent bizarrement alors qu’il touche, emmerde, personne et fait clairement pas ça pour se la raconter ou trouver un moyen détourné de supporter lui-même le métro : j’aimerais que tout le monde soit comme toi. Oui toi que j’ai envahi dans ta bulle de confort au détour du couloir de Réaumur l’autre jour, parce que t’avais tout un pan de ton sac à dos ouvert pour pas que tu te fasses voler des trucs en te mimant « Remonte le zip de ton sac à dos » et tu m’as dit merci, j’ai hoché la tête je t’ai laissé retourner dans ton univers, et t’avais les yeux rivés sur mes air force dans la 3 (seuls les sacheurs sacheront, bis repetita)… Mais nan, hin, au lieu de faire ses exos en silence comme Compton guy, y en a qui ne peuvent pas s’empêcher de déployer leur Canard Enchaîné et leurs 20 minutes pleine page alors qu’on est entassés à 22 devant les portes, c’est limite si certains utiliseraient pas ton bras comme accoudoir et ton dos comme repose livre. Vous vous êtes crus où? (et ceux qui s’appuient de tous leur flanc sur la barre centrale de devant les portes pendant que les autres se disloquent jusque l’épaule en s’écartelant le bras pour s’y accrocher d’un petit doigt parce que justement vous nous bloquez l’encrage et nous faites risquer de slamer dans les allées en atterrissant sur les carrés prios pour finir avec une hanche en plastique… où y a la plupart du temps surtout des mecs valides, au passage (-oui : j’ai compté -), vous êtes pas au 1er placement non plus pour en rire. Pas mieux pour ceux qui estiment qu’ils paient à la fois pour eux et à la fois pour leur valise qui mérite autant un siège qu’une personne, apparemment comme ça vous gardez votre petit confort comme à la maison pendant que les gens debout qui auraient peut-être bien eu envie d’apprécier d’être aussi confortablement installé que vos bagages, vous pouvez ignorer le regard sale qu’on vous jette quand le wagon est plein parce que vous avez construit une forteresse d’invisibilité avec votre barda, mais au fond de vous vous savez très bien que vous êtes des ostrogoths. Clairement c’est pas avec des gens comme vous que le mur de Berlin aurait été cassé plus tôt.

 

Ceux qui ont des mouchoirs et nous épargnent la vue de vous essuyer le nez avec les doigts à l’arrêt (à vrai dire ça ou laisser couler, me fait dilemme) avant de remettre la main sur la barre quand le bus repart : BIEN. Ceux qui se mouchent dans un truc qu’on dirait il sort de la machine à laver qui est en fait ton nez et il te sert à la fois de lave-main, lave cul, essuie transpi, dans ta poche depuis 5 jours que tu es tout content de le retrouver sur le coup, et 42 roulades aux buttes chaumont avec plus tard : svp vous êtes les mêmes, laissez la barre tranquille, ce fabuleux doudou en papier entre la main et la barre juste après la séance de mouching n’arrange pas la sauce. Et les adeptes du sac à dos : si vous savez pas le poser entre vos jambes quand on est 27 dans la mine et que vous avez la bougeotte pour souffler à Josette que y a une pub rigolote en face la vitre, JE SUIS DERRIÈRE VOUS, je vois pas en quoi l’agression par sac à dos dans la face, chaussures sales qui pendent du sac à dos par les lacets pour se lover sur les poches de mon manteau , queue de cheval gigoteuse dans mon nez ou coupe d’ongles de pied serait différente d’une autre. Spéciale dédicace au mec qui est rentré tellement vite dans le métro en me poussant l’autre jour pour se caser à la Tétris Barbare et qui sans dire pardon s’est pris une bonne vieille trace de Fond de teint truellé méga et bien beige sur son fond marine sur l’épaule de la manchoune de veste en me caressant la joue avec ses façons civilisées de se poser là, karma is a bitch :

… et surtout ça m’a fait plaisir aussi de savoir par avance que tu iras au pressing plus vite que prévu…

Est ce que j’en viens au nerf de la guerre sensorielle et tout ce qu’il faut déjà de se faire tout pitit pitit pour survivre à tout ça avec un sens aigu de la stratégie d’occupation de l’espace pour tenir le coup jusqu’au bout du trajet pour se prémunir de ce qui a déjà été exposé ou pas? J’aimerais pas oublier quelque chose… Genre les gens qui jouent à candy crush ou qui matent netflix debout et qui croient qu’ils gênent moins que les gens qui lisent le journal à pleines pages déployées l’air de rien alors que les 10 autres devant ont juste la narine collée à la vitre, pris en sandwich entre 5 autres personnes prises dans le même inconfort, incapables de savoir si leurs effets personnels et certains de leurs membres inférieurs ou supérieurs seront encore parmi eux au moment de la sortie de rame.

 

J’aère une nouvelle fois avec ce petit moment de vie frais et fruité avant de vous parler du TOUCHER. la première fois que je suis entrée en diag au CHU, le chef d’équipe m’a demandé si j’avais de la difficulté à prendre les transports en commun, et si oui comment je faisais pour m’en débrouiller. J’ai répondu texto (le laissant comme deux ronds de flancs) :

« Je pars du principe que très basiquement je peux totalement me retrouver assise à côté d’un psychopathe en costume de VRP ou d’une mère de famille en manteau de fourrure qui congèle ses enfants, sans le savoir, statistiquement, même si c’est sensé être rare, en dessous de ces critères là, le panel de vices interne à chaque humain est aussi large que le spectre autistique (par ex), de là je me dis que s’il pète un plomb, le plus je me conditionne et me comporte en mode ça tombera pas sur moi en prenant un air trop décalé ou détaché pour que t’aies vraiment envie de m’agresser moi, le mieux j’ai de chances que ça arrive effectivement pas ». En gros : si je me comporte comme une bête à trouille qui a peur de se faire agresser, j’ai plus de chances d’instinctivement aiguiser le sens de la trouvaille de proie d’un agresseur qui en cherche une que si je me la joue Eminem du métro. (et ça marche pas mal). Après pour les agressions verbales, j’adopte la technique du hurlement, avec un peu d’entrainement on y arrive et je donne le change à la personne en fonction du type d’agression : Mode : « j’aurais été un mec capable de t’éclater la tronche est que tu l’aurais ouvert là, ta gueule à me faire chier? » (soyez vulgaires, surtout, personne s’attend à ce que vous le soyez encore plus que l’agresseur, ça le calme aussi en tout cas ça le surprend assez pour se donner le temps de pouvoir prendre la fuite, mais sachez être prêt à courir aussi, hin et composez visiblement le 17 en même temps pour plus d’efficacité, et collez vous à quelqu’un d’autre parce que si cet autre vous défend pas et que vous pouvez pas fuir, y aura encore moyen que vous esquiviez et que le non-assistant à personne en danger sur lequel vous vous êtes glué prenne à votre place… Et franchement ce sera limite bien fait, surtout si vous êtes une femme agressée par un homme et que c’est un homme aussi qui ne bouge pas et regarde la scène comme une real TV : LA VIE EST UNE JUNGLE, voyagez lourd, tout est une arme). Parfois un calme de morgue sera aussi la bonne réponse à une personne en hurlements ou full agressivité et en besoin de déverser sa haine sur les autres, avec une extrême politesse « Mais qu’est ce qui vous permet de me dire que je sens bon alors qu’on ne se connait pas et dans ce cas est-ce que vous dites aussi aux gens si vous trouvez que leurs habits leurs vont, si le sac du Monsieur là est à votre goût ou pas, en fait? » (PRENEZ A PARTI, certains crevards n’hésiteront pas à vous répondre, keep calm et recadrez : « ce que vous faites s’appelle du harcèlement » (on peut rester calme et porter la voix très haut), ne perdez pas l’objectif de vue dans ces cas là : s’éloigner le plus vite possible à tout prix quand même. Rien n’est infaillible, mais on peut essayer des trucs, avec un peu d’entrainement je m’en sors pas trop mal. L’autre jour y avait un mec ivre qui disait des trucs politiques nawak (vous le reconnaissez? Ouais… c’est souvent… je sais…) en faisant des grands gestes. Il s’est assis juste à côté de moi. J’ai pas bougé (il sentait pas la violence physique non plus, j’ai de l’entrainement à force, mais je suis quand même pas à l’abri on est d’ac’). Mais j’ai pas eu peur non plus. J’ai pas bougé j’ai random posé ma main côté vitre et pas descotché mon regard du lointain au travers, sans faire la gueule, sans sourire : neutre comme la suisse, genre « mec y a une barrière invisible entre moi et toi, ça me percutera jamais ». Résultat il a pris tout le monde à parti sauf moi, et en fait… c’est lui qui a changé de place à la station suivante. Une autre fois, le métro était blindé, j’étais du côté de la porte où je sors, un jeune mec sur le strapontin (vous savez là où tous les gens bien élevés se lèvent pas près des portes alors que les autres s’entassent debout mais que très contents de leur petite vengeance sur cette chienne de société, ils kiffent leur vie, et se sentent un pouvoir de Super Connard qui donne des ailes à leur cul d’avoir le siège et pas vous?… je vous avais pas oublié non plus, t’sais), quand le métro freine, ma jambe ou la lanière pendouillante de mon sac frôle le genou du mec. Et dans sa barbe, très silencieusement, mais tout le monde entend, le mec pousse un « Vous me touchez pas » un peu dans un crachat de chat hirsute et avec un spasme brutal de l’épaule comme si à l’étape 2 j’allais me prendre une mandale (j’aurais pu me prendre une mandale), j’ai dit (ton désolé comme si tu venais de me dire ta mère vient de décéder) mais quand même ferme et calme, genre tu viens pas vraiment de crever parce que je t’ai frôlé (mais bon en temps qu’autiste moi même c’est aussi le sentiment que j’ai  quand une main dégueu me frôle ou que je sers de repose partie de ton corps qui te saoule et tu t’es dit Balek’ je me pose là) :

 »je suis vraiment désolée Monsieur, je voulais juste sortir du métro, c’était pas exprès, pardon » et j’ai filé, parce que là il fallait s’écraser, et savoir s’écraser c’est important aussi, parfois. Le mec a renfoncé son envie de tuer quelqu’un dans le strapontin (ou l’a mis sous le coude et gardé pour quelqu’un d’autre avec toute cette lâcheté de prendre plus faible que soit en bandoul’) et j’ai pu sortir, mais croyez bien que mes genoux ont tremblé, et que tout le monde a retenu sa respi… Oui les gens se font agresser au couteau, arracher, tuer, violer dans le métro. Pas de quoi faire le mariole en sachant tout ça. Je vous ai aussi spontanément passé la partie sur les crissements des rails, le bruit de l’engin en lui-même, et ce que ça me/nous fait :

Certes, il y a la couille de cristal. Très problématique. J’ai quand même un peu de level pour bien m’installer dans le métro sans me faire trop emmerder par tout ce qui me gêne, mais je suis à des années lumières de la capacité masculine à toujours avoir la meilleure place, positionner son aisselle dans la ligne directe de tes trous de nez, lire son journal sur ma tête et toutes les joyeusetés que leur propriété de l’espace public se permet, sans jamais ciller quand une femme enceinte ou une personne âgée se radine, bizarrement c’est toujours plus souvent une autre meuf qui se lève que le bonhomme d’en fasse qui fait comme si de rien était. Vous ne me croyez pas : bah observez et faites les comptes sur une semaine bien remplie de transports pour voir. Mais y a aussi les « pourquoi rentrer les jambes quand je peux les mettre sur le siège en face et me garantir que personne osera vouloir s’asseoir ». Vous perdez rien pour attendre. Une fois j’ai même eu un mec dans le bus vide, à une place large, qui s’est dit je vais me mettre à côté d’elle pour la faire chier et qui tout joyeusement me sort en actant « Y a bien de la place pour deux haha! ». J’ai fait « non je crois pas, y en a heureusement ailleurs quand même ». « Non mais vous voulez pas vous rasseoir Madame (je venais de monter en grade là MADAME, j’avais vu plus 14 ans tout à coup), si je vous gêne je peux vous laisser la place » (genre retourne le truc c’est moi qui ait peur de me faire agresser alors que t’es trop hyper safe, toi). J’ai dit « Non merci, ça va bien aller, du coup, mais je vous souhaite une bonne journée quand même ». Ensuite il a bredouillé une merde, grillé, et je la lui ai refaite « Bon COURAGE à vous aussi », puis il a jeté un œil vers le chauffeur pour chercher de la complicité et s’est pris le mépris de trois autres assistant à la scène, avant de se recroqueviller, de se taire et de regarder à travers la vitre. L’attitude fera la différence, pour les NT c’est naturel, pour nous c’est un travail, mais ça paie.

 

Oh c’est rien, mais c’est rien parce que vous connaissez déjà toutes les pires histoires et moi aussi, donc j’avais pas envie de vous les ressassez. Et de la stig, et de l’aggression pour un oui pour un non, un poussez vous, je voudrais sortir ou entrer avant que les autres sortent, vous savez tout ça… Et ce qui peut dégénérer très vite. Aussi les gens qui parlent des gens à côté en sachant qu’on les entend. Cette fois où usée de ma journée, je m’assois et j’ai deux jacasseurs derrière, dont une surtout qui commente tout ce qu’elle voit et ce que les gens font et qui me fout une pichenette dans l’arrière de la tête sans faire gaffe avant de me dire PARDON. Et comme je suis décrépite, je réponds même pas ni me retourne, parce qu’à ce stade j’attends juste que ça se termine et rentrer chez moi comme tout le monde, déjà j’ai une place assise, c’est luxe, alors que c’est  la guerre dans le couloir. … Puis la nana croit bon de dire à son complice « Pfff, mais attends t’es polie tu dis pardon et l’autre elle répond même pas, mais  les gens sont quand même vraiment mal élevés c’est dingue ça ». mdr, ton hôpital, ta charité. Meuf, sache que j’ai vachement hésité à me retourner ce jour là, mais t’étais peine perdue. Il aurait fallu que je te répondes « Je suis autiste, c’est déjà assez dur de prendre les transports en commun de base, donc me taper en prime tes commentaires de merde et que tu oses parler de politesse ensuite en parlant des gens à la troisième personne dans leur dos en sachant qu’ils t’entendent (tu feras pas semblant, pas à ces décibels là), c’est déjà trop l’Everest pour moi, je préfère encore rester à flanc de colline qu’atteindre ton sommet, on se doit rien, et j’ai une raison de plus de pas avoir à justifier que t’as pas capté et dont t’as pas à deviser, tu veux vraiment qu’on parle de ce qui est poli après ta réflexion dans ma nuque, protège plutôt la tienne, un jour quelqu’un sera moins cool que ça ». Je n’ai rien dit parce que par avance je lui aurais donné de quoi nourrir son argumentaire. Et que mostly on sait déjà que les gens connaissent rien à l’autisme, alors tendre le bâton pour se faire battre avec l’hologramme de Rain Man de référence, merci bien.

Mais qu’est ce qui entretient ça? En règle générale, je veux bien être intolérante, oh ces relous d’aspies qui exagèrent leurs galères etc… mesquine, tout ça. Oh boy, j’en suis tellement plus à ça près de la critique quand j’ai observé tout ça et ce que la prosopagnosie légère me laisse parfois d’interprétation pas à côté de la plaque et que je lutte pour pas attraper le tournis à me laisser choir et en venir à ces mêmes degrés de nonchalance de non respect où au final j’aurais juste l’impression de me dévaloriser moi le plus et c’est tout ce que j’ai plus la caution énergétique de pouvoir faire… Sous condition que ceux que je cite réfléchissent bien à deux choses. La première, je suis sûre si on pose la question à brûle pourpoint « Est ce que vous trouvez que vous êtes bien élevés? ». À majorité vous êtes persuadés que l’éducation héritée de vos parents est la meilleure et c’est normal c’est trop de remise en cause pour un bonjour-merci, sinon, personne se remettrait en cause pour ça, la pensée immédiate sera pas est-ce que je fais chier le monde dans le métro, en vrai et est ce que j’en ai à battre, d’ailleurs vu que les autres font pareil (<– indice c’est là que le bât blesse). Au pire ça va vous ramener à une construction que vous avez pas forcément eu, des soucis de famille ou X raison, et vous allez sauter sur le « Je me suis éduqué moi-même, j’ai fait ça mieux que ce qu’on m’aurait infligé sinon… »…pas plus valable que l’autre, à nouveau si tu fais partie des précités, t’as pas d’excuse, alors arrête. Dans les deux cas si vous êtes une de ces personnes (toi aussi, le citoyen flic qui fait remarquer à tout bout de champ et se croit mieux parce qu’il dit à tue tête vous gênez vous ceci, vous cela, tu fais partie du lot, on t’a rien demandé ta gêne est pas celle de l’autre tu sais PAS, si t’es pas vraiment gêné qui se justifierait que c’est juste pour dire d’un truc qui te démange mais qui est pas répréhensible en soi à 50 cm de toi, fous la paix aux autres, pour ta propre rédemption, steuplaît), mais globalement, c’est quand même bien les petits gestes de civilité qui font le confort de tous.

80% des handicaps sont invisibles et vous ne savez pas ce qui anime quelle réaction de qui. 100% de l’irrespect se voit, qu’on soit handicapé ou non. Vous n’êtes pas seuls au monde dans l’espace public, à tout le moins, vous l’êtes même peut-être moins que moi dans mon autiste face à vous tous (statistique, et je m’en plains pas, c’est juste du factuel, quand on sait que l’inclusion du handicap c’est savoir s’adapter aussi à la personne handicapée, j’ai parlé du psychopathe et de la mère qui congèle ses bébés tout à l’heure, mais du coup je considère aussi que je suis peut-être aussi assise à côté d’une personne en situation de faiblesse sociale, toujours, et ça aussi ça joue dans ma réaction et ma compensation à supporter tout ça quand même, l’un n’empêche pas l’autre, après tout on parle de choses plus ou moins pathologiques qu’on appelle sous un nom ou un autre par défaut de savoir et de connaissances ou de solution.  Je vous laisse là. Mon article est arrivé en gare, me voilà rassurée de savoir que demain on va enfin avoir des trajets cools et respectueux tous ensemble. (pas trop tôt), même toi avec ta trottinette qui prend de la place dans le RER pour que tout le monde sache que tu as de quoi acheter un gros joujou électrique pliable parce que tu gagnes bien et que t’as le choix du transport et que tout le monde doit le savoir, du coup, y compris à l’heure de pointe… mouais….

 

 

 

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